L’histoire de la fromagerie Beillevaire continuera de s’écrire en famille ! Entre déploiement à l’étranger, acquisition de sites de production et lancement de nouvelles gammes, son ascension n’est pas terminée. Déjà bien présents au sein de l’entreprise, les deux fils Beillevaire, Fabrice et Mathieu ne manquent pas d’idées pour en assurer la pérennité. Nous sommes allés à la rencontre de Fabrice Beillevaire, futur dirigeant de la société, très fier de reprendre le flambeau familial dans quelques années.

 

C’est en plein cœur du marais Vendéen, à Machecoul, que la société Beillevaire a été créée il y a 41 ans. Son fondateur, Pascal Beillevaire, qui travaillait jusque-là dans la ferme familiale de ses parents, décide de prendre son indépendance et de s’initier à la vente directe sur les marchés environnants. En parallèle, il commence à travailler directement avec les producteurs. « C’est de cette manière que les prémices de la gamme actuelle ont vu le jour. » Petit à petit, la société prend de l’ampleur et en 1987, il ouvre une première boutique aux Sables-d’Olonne, puis une seconde à Nantes deux ans plus tard. Le rythme s’accélère, Pascal Beillevaire voit plus loin, c’est alors qu’en 2011, il fait l’acquisition d’une fabrique artisanale de camembert de Normandie au lait cru : la fromagerie du Val de Sienne à Gavray dans la Manche. Aujourd’hui, Beillevaire possède 7 sites de production et 4 caves d’affinage, répartis aux quatre coins de la France dans une logique de proximité pour le respect des AOP et des savoir-faire locaux.

Fabrice Beillevaire dans l’atelier de fabrication à Machecoul.

Le produit phare de la maison Beillevaire emprunte son nom à la ville dans laquelle il a été créé : le machecoulais. C’est également le tout premier fromage à avoir été fabriqué par l’entreprise. « Un jour, mon père a décidé de fabriquer son propre fromage alors qu’à cette époque, au sein de l’entreprise, personne ne s’y connaissait en fabrication. Il n’a jamais rien lâché et après une multitude d’essais, la recette de ce fromage mythique est née. Selon moi, c’est ce produit qui représente l’audace de mon père. ». Au fil des années, l’offre s’est étoffée : fromage, beurre, lait, crème, desserts etc. De nos jours, Beillevaire produit 120 références de fromages dont une dizaine dans l’atelier de Machecoul. Mais l’offre de fromage ne s’arrête pas à la fabrication. En effet, Beillevaire compte entre 300 et 400 références de fromages dénichés chez les producteurs français et à l’étranger. « Il n’existe pas de cahier des charges pour sélectionner un fromage. L’histoire de la ferme et le goût sont importants, mais surtout il faut que le producteur en face soit passionné pour que ça fonctionne. »

L’entreprise s’appuie donc sur deux piliers fondamentaux : la production et l’équilibre commercial. En tant que fabricante, la maison Beillevaire entretient une relation forte avec ses producteurs de lait. « Nous appuyons notre démarche de collecte de lait sur la qualité du produit que l’on va transformer. Nous assurons un prix de revient minimum qui permet aux agriculteurs de vivre sereinement puisqu’ils savent que quand ils sont chez nous, il n’y a pas de chute libre. Cet engagement avec nos producteurs est issu de nos origines, nous avons été agriculteurs, il ne faut pas l’oublier. » Par ailleurs, l’équilibre commercial de l’entreprise est assuré par la diversification de sa clientèle, répartie entre les distributeurs et les particuliers. La vente directe, dans les boutiques ou sur les marchés, représente environ 35% du chiffre d’affaires global.  En effet, avec un réseau de 70 points de permet d’être au plus près de la clientèle de particuliers, et de rester à l’écoute des évolutions du marché. Ainsi, avec un modèle stratégique équilibré, l’entreprise a su conforter son indépendance financière. « C’est ce qui fait que l’on traverse une crise comme la COVID-19. Cet équilibre commercial doit nous permettre de rendre possible l’acquisition d’ateliers et le développement de nouveaux clients. » En outre, le réseau Beillevaire s’étend bien au-delà des frontières puisque l’entreprise est présente dans une trentaine de pays à travers le monde. En rejoignant l’entreprise familiale, Fabrice Beillevaire a pris en charge le développement commercial à l’étranger. « Chez nous, il y a une petite tradition de parcours initiatique. Pour cette raison, je suis parti pour Londres pendant 8 ans afin d’ouvrir et développer une filiale et m’occuper de l’export. » Aujourd’hui, le pays dans lequel la société Beillevaire exporte le plus se trouve être le Royaume-Uni, suivi par les pays asiatiques et le Canada.

Sensible à l’évolution des modes de consommation, le plus jeune fils Beillevaire, Mathieu, 27 ans, travaille sur l’élaboration d’une gamme de produits conçus à partir de préparations végétales. « Mon frère souhaitait rejoindre l’aventure familiale avec un nouvel angle d’attaque. Pour le moment, nous travaillons essentiellement avec une préparation d’avoine et de la crème de coco. » Le développement de cette gamme s’appuiera bien évidemment sur le goût mais pas seulement. Dans le respect de sa ligne de conduite, Beillevaire souhaite inscrire ce projet dans une logique de création de valeur ajoutée auprès de ses producteurs. « A terme, le développement de la gamme végétale pourrait nous permettre de promouvoir la culture de céréales que l’on pourrait proposer chez certains de nos producteurs et ainsi diversifier leur champ de production. »

De plus, Beillevaire oriente son développement futur vers les sites de production et d’affinage. En parallèle, l’entreprise souhaite renforcer son image de marque  auprès de ses clients. « Le but est que nos clients aient une bonne perception de l’entreprise au travers des expériences qu’ils peuvent avoir dans nos boutiques et sur nos points de vente. »

Actuellement, la société est dans une phase évolutive de sa gouvernance. Alors que Pascal Beillevaire tend petit à petit vers un poste de Président, son fils Fabrice sera progressivement nommé à la direction générale. « Nous continuerons de définir et développer la stratégie de l’entreprise ensemble. C’est important pour moi qu’il reste à mes côtés car il a une telle expérience du terrain, du marché, du métier qu’il ne faudrait pas s’en priver. » Un départ qui se prépare sereinement et qui se veut rassurant pour les 500 salariés de l’entreprise attachés aux valeurs familiales. « C’est une fierté de reprendre le flambeau familial avec mon frère. Nous avons une chance inouïe de pouvoir vivre cette expérience. »