Le nom de BERJAC résulte de la contraction des deux noms de ses cofondateurs BERnard Hallier et JACques Roussel, tous deux bouchers de métier. En 40 ans d’existence, 4 dirigeants et 3 déménagements, la Maison Berjac a su s’adapter aux évolutions de la société, des modes de consommation et tenir le cap face à de nombreuses crises. Voici son histoire.
C’est sous les Halles du Champ-de-Mars que l’association de Bernard Hallier et Jacques Roussel, les deux cofondateurs de BERJAC, vit le jour. « Bernard était l’un de mes clients en salaison. » (J.Roussel). Jacques Roussel était directeur d’un magasin de libre-service pour les restaurateurs. « Il faut savoir que ce type de magasin était nouveau car les restaurateurs étaient livrés chez eux ou se fournissaient directement à l’abattoir. Il fallait changer les habitudes, inciter les clients à se déplacer et payer comptant » (J.Roussel). C’était le début du Cash & Carry en France. Bernard Hallier quant à lui, tenait une entreprise de viande qu’il vendait au détail sur les marchés environnants.
A l’époque, les clients passaient d’abord faire leur marché au MiN, sur l’île de Nantes, avant de venir au Champs-de-Mars. Mais en 1979, l’idée d’ouvrir un pôle viande directement sur le MiN commence à germer. Jacques Roussel et ses concurrents de l’époque assistent aux réunions. « C’est Jacques, qui est à l’origine de notre association. » (B.Hallier)Début septembre 1981, le magasin Berjac Viandes ouvre ses portes pour la première fois à l’entrée du MiN de Nantes. Mais le succès ne prend pas immédiatement. « Je me souviens de notre tout premier client : Gérard Ryngel, il tenait le restaurant Villa mon rêve à Basse-Goulaine » (B.Hallier). C’est finalement la qualité de leurs produits qui commence à se murmurer aux oreilles des uns et des autres. Au début, chez Berjac Viandes les clients venaient acheter : viande, abats, volaille, salaison, surgelés et saurisserie. La viande représentait 55% du chiffre d’affaires. Le binôme fonctionne, Bernard assure la partie commerciale tandis que Jacques préfère s’adonner à la gestion et aux achats. La société Berjac Viandes grandit peu à peu et embauche du personnel supplémentaire.
En 1986, Bernard Hallier quitte Berjac Viandes, après avoir ouvert un magasin similaire à Tours. Malgré cette séparation, le succès de Berjac continue. Ainsi, en 1987, le magasin change d’emplacement sur le MiN et subit une extension, lui permettant de diversifier ses gammes : fruits et légumes, produits laitiers…
Cependant, la concurrence se développe sur Nantes, la progression ralentie, Jacques Roussel met en vente son entreprise. Parmi les intéressés, se trouve Jean-Luc Cadio. « Nous connaissions déjà Jean-Luc car il avait implanté le restaurant Chantegrill près de la place Graslin, qui était l’un de nos clients » (B.Hallier). Jacques Roussel restera 6 mois aux côtés de Jean-Luc Cadio avant de lui laisser les clés de la Maison Berjac. « La passation, c’était la meilleure période de ma vie, Jean-Luc comprenait vite. » (J.Roussel)
Jean-Luc Cadio connaissait bien le milieu de la restauration. En effet, après l’obtention d’un CAP de serveur et de cuisinier, il embarque en 1971 sur le paquebot Le France, puis sur des pétroliers. Il travaille même pendant 5 ans pour la Brittany Ferries, d’abord en tant que serveur puis comme cuisinier. A 27 ans, lorsqu’il leur annonce son souhait de partir, la Brittany Ferries lui propose la gestion d’un Relais & Châteaux dans les Côtes-d’Armor. En parallèle, il se met à suivre des cours et obtient un BTS gestion hôtelière. Mais au terme d’une année, les horaires contraignants qui ne coïncident pas avec sa vie de famille le poussent à arrêter. Il rebondit rapidement et se voit confier l’ouverture d’une franchise de la chaine de restaurants Chantegrill. « Il en existait déjà deux, l’un à La Rochelle et l’autre à Caen, j’ai donc ouvert le troisième à Nantes, rue de l’Héronnière. C’est là que j’ai rencontré Bernard et Jacques pour la première fois. Berjac Viandes était mon fournisseur. » (J-L.Cadio) Au bout de 5 ans, le groupe Chantegrill l’envoie même au Japon afin de développer d’autres restaurants. Pendant un mois, il va alors travailler sur place avec quelques chefs, leur inculquer son savoir-faire des plats cuisinés et de la pâtisserie pour ensuite leur vendre la franchise. « Dans l’avion du retour, j’ai dit au Président de la chaine que je souhaitais arrêter car je n’avais plus de vie de famille » (J-L.Cadio).
De retour sur Nantes, il se met à chercher une affaire. « J’ai entendu dire que Jacques voulait vendre sa société alors j’ai cherché des associés pour réunir les fonds nécessaires et monter un dossier acceptable » (J-L.Cadio). C’est ainsi que Jean-Luc Cadio reprend Berjac le 1er janvier 1992, avec beaucoup de projets en tête. L’entreprise avait des bases solides, elle comptait alors 15 salariés et réalisait 1,5 millions de chiffre d’affaires. Jean-Luc Cadio garde la gestion rigoureuse instaurée par Jacques Roussel mais il ajoute sa touche de management participatif. « J’ai toujours été dans la proximité avec les collaborateurs. Pour qu’un client soit satisfait, il faut que les salariés soient heureux. » (J-L.Cadio). Durant les premières années, Jean-Luc Cadio fait ses preuves et développe la partie commerciale en apportant un suivi client. « Il fallait que je me fasse adopter par les clients » (J-L.Cadio).
En mars 1992, il embauche Joël Blanchard, l’actuel directeur d’exploitation de Berjac, et au bout d’un an et demi, il rappelle Jacques Roussel pour qu’il s’occupe des achats. « Il était pointu au niveau de la gestion. L’entreprise se développait vite, j’avais besoin de quelqu’un qui connaissait bien la viande » (J-L.Cadio).
Rebondissement en 1996 avec la crise de la vache folle. L’entreprise perd 30% de son chiffre d’affaires, il faut réagir, et vite. Pour pallier ce déficit, Jean-Luc Cadio décide de créer le service marée (1997) et d’étendre les gammes de produits. La Maison Berjac s’est toujours adaptée à la demande de ses clients. « Pour innover et se démarquer de la concurrence, on s’adaptait en permanence. Je répétais sans cesse aux équipes qu’il fallait être TDA, totalement différent des autres » (J-L.Cadio). Avec l’arrivée des 35h, les clients se déplaçaient moins sur le MiN. Une nouvelle fois, il fallait réagir et trouver une solution: la livraison. « Au début, quand j’ai repris Berjac il y avait très peu de livraisons, on tournait aux alentours de 5% » (J-L.Cadio). C’est le début de SVRO (Service Vente Restauration Océane), un concept de livraison aux professionnels. Le modèle de SVRO était simple et efficace : un seul interlocuteur dédié, qui suit le client du début à la fin. Petit à petit, il y a eu un commercial-livreur puis un second et ainsi de suite. La livraison fonctionne bien et se développe dans les terres, en Vendée et dans le Morbihan…
En 2011, l’aîné des fils Cadio, Mikaël rejoint l’entreprise. « Je commençais à penser à ma succession. Mikaël avait deux qualités fondamentales pour exercer ce métier: la culture produit et la tendance commerciale ». (J-L.Cadio) Au terme de 8 années de collaboration, Jean-Luc Cadio profite du déménagement en 2019 sur le MiN de Nantes Métropole pour rendre concrète la passation et tourner la page Berjac.
Bernard Hallier, Jacques Roussel et Jean-Luc Cadio reviennent régulièrement chez Maison Berjac. Ils saluent le développement de l’entreprise et l’investissement de Mikaël Cadio face à la crise de la COVID-19. « Berjac continue d’avancer dans la même ligne de conduite que ses fondamentaux. Quand je passe au magasin, je retrouve les mêmes valeurs et la même ambiance.» (J-L.Cadio)